• Jour 1

    Je suppose qu'on est tous dans ce cas là, à ne pas savoir ce qu'on fait ici, quasiment nus, pieds enchaînés aux barreaux qui nous entourent. Le peu de luminosité présente ne me permet de distingué que les corps assis, avachis ou couchés, mes oreilles me renvoient les plaintes, les sanglots et les gémissements de douleurs et l'odeur qui emplis mes narines est celle du sang, de la sueur, du vomi et de la poussière. Du bout de mes doigts je touche le sol en bois... Du bois humides, qui tangue, tantôt d'un côté, tantôt de l'autre. Est-ce que j'ai peur? Oui, sans doute. Du moins, je ne suis pas du tout rassuré, moi-même accroupi dans mon coin à attendre que ça passe... Que tout ça passe... Et que je me réveille.  

    A.Z. 

    ◄► 

      

    De mon hamac sombre qui suit le mouvement du bateau, mes pupilles ne lâchent pas les êtres inférieurs situés dans la cage de fer. Ils sont comme des rats, apeurés, se regroupant les un sur les autres, couinant dans toutes leurs langues différentes. Tsss... Ils sont si pathétiques, si faibles, si laids... Mais ils sont à garder en vie. Alors je veille, silencieux, aux aguets comme un prédateur. C'est-ce que je suis. Eux ne sont que des proies. J'en agite la queue d'impatience, l'envie de chasser s'étant glissé dans mon esprit. Je veux les voir courir devant moi, s'enfuir, hurler, crier, pleurer entre mes griffes... 

    //Ersthran. Non.// 

    Je feule de mécontentement aux sons de sa voix qui s'est glissé dans ma tête comme la main d'un voleur dans une poche. J'en rentre mes griffes qui étaient sortis sous l'excitation, baissant les oreilles de frustration. Bien, je ne les toucherais pas... Du moins... Pas encore...  

    E.R 

    ◄► 

      

    Imbécile d'Ersthran... J'ai su qu'il aimerait les chasser avant même de ressentir son envie poindre le bout de son nez. Fermant les yeux, je me suis concentré pour m'incruster dans ses pensées, voir de ses yeux, sentir de son nez, entendre de ses oreilles et ressentir le tissus du hamac sous ses pattes. Le goût que je ressentais dans ma bouche était celui-ci de ses babines qu'il avait pourléchées sans même sans rendre compte. L'idiot... Il ne pouvait décidément vraiment pas ce tenir celui-là, cela faisait pourtant que depuis une journée que nous étions partit. D'un ton sec et sans appel je pestais alors à son encontre. 

    -Ersthran. Non. 

    Ma voix c'est dispersé dans ma cabine mais je sens à sa réaction qu'il a comprit. Ouvrant les yeux, je m'assure de ne plus ressentir son envie avant de poser mon regard sur l'homme debout, plus loin, occupé à me servir mon thé. Il ne fut pas surpris par mes paroles, il ne l'est plus depuis longtemps. J'ai l'impression que son dos fin mais long, parsemé d'anciennes cicatrices blanchis avec le temps, me rend mon regard. Il faut dire que c'est moi qui les ai crées... 

    T.Y. 

    ◄► 

      

    Ne pas renverser le thé quand le sol bouge sans arrêt de droite à gauche puis de gauche à droit, c'est une tâche compliquée. Je m'y applique pourtant, fronçant le regard quand une goute dévie de sa trajectoire. D'un geste habitué, je rattrape la fautive en déplaçant légèrement la tasse sur le côté heureusement juste avant qu'il ne se mette à râler le nom d'Ersthran. Qu'à donc fait encore ce sale chat... Surement est-il en train de s'amuser à faire peur aux graines. Il devrait savoir pourtant depuis le temps que Tyrham n'aime pas qu'on les abîmes avant d'être arrivé au port.  

    Je me retourne vers lui d'ailleurs, venant poser la tasse sur son bureau avant d'y rajouter un sucre et de le touiller. Je me recule d'un pas à la suite, osant relever les yeux sur son corps et son visage tendis qu'il observe son breuvage. Tyrham a tout d'un alpha: un corps quasiment démesuré avec ces deux mètres dix de haut et une chevelure cuivré, volumineuse malgré les tresses, qui rappelle la crinière d'un lion. Sa barbe tout aussi entretenue est taillé tout les matins, cachant aux yeux de tous son âge véritable. Combien lui donnerait-on aujourd'hui? Trente-cinq? Quarante-cinq? Il incarne l'animal sous sa forme humaine jusqu'au bout, ses yeux étant aussi ambrés que les leurs. Je soutiens son regard quand il le relève sur moi avant de prendre la tasse pour en boire une gorgé. De la porcelaine si fragile entre ses larges mains. Je déviais le regard sur ses bras, inquiet qu'il ne déchire encore ses manches juste sous l'effet des muscles qui se tendent avant de les reposer sur son torse recouverts d'une chemise brune. Je sais très bien ce que se cache en dessous mais je préfère fermer les yeux et éviter cette pensée... Surtout devant lui. 

    U.I


    Tags Tags : , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :